"Positions Philosophiques" entend rendre compte de l'enseignement de la Bible dans le domaine de
la philosophie, et ce, dans une perspective
réformée confessante.
"Le mot philosophia n’apparaît qu'une fois dans
la Sainte Ecriture : au second chapitre des Colossiens ; encore est-ce en
mauvaise part puisqu'il y est dit : "Prenez garde que personne ne
fasse de vous sa proie par la philosophie (dia
tes philosophias) et par une vaine tromperie...", mais comme
l'apôtre Paul ajoute : "selon la tradition des hommes, selon les
rudiments du monde, et non selon Christ ", il faut supposer qu'il peut,
mieux, qu'il doit y avoir une recherche philosophique " Kata Kriston,
selon Christ."
Au reste, qui dit "philosophie" dit "amour
de la sagesse", et la sagesse, la quête de la sagesse, la demande
de la sagesse, la souveraineté de la sagesse, la joie de la sagesse, le don
de la sagesse, etc., sont célébrés tant dans l'Ancien que dans le Nouveau
Testament.
En Occident, depuis les merveilleux Grecs, la grand'route de la philosophie a été
celle d'une theoria, c'est-à-dire d'un savoir théorique, prétendument autonome.
Selon cette tradition philosophique qui persiste aujourd'hui, encore que ses modes aient
varié au cours des siècles, cette activité autonome était et reste tenue pour
axiomatique, comme allant de soi, indiscutable et indiscutée. (...)
Le "point de vue proprement philosophique" a été et continue d'être
pour eux le point de vue "immanentiste" et "rationaliste"
imperturbablement maintenu par la philosophie humaniste. Les théologiens seront ainsi, ou
essaieront d'être, platoniciens, aristotéliciens, cartésiens, kantiens,
existentialistes, phénoménologistes, etc. . . Et les philosophes "chrétiens"
accepteront de philosopher selon la raison autonome, même lorsqu'ils tenteront, comme
Maurice BLONDEL, d'esquisser une philosophie "chrétienne".
Il faut attendre l'œuvre magistrale du philosophe Herman DOOYEWEERD, publiée en
néerlandais en 1935-1936, puis développée dans la version anglaise publiée en
1953-1958 sous le titre "A new Critique of Theoretical Thought
" pour que le constant axiome de la philosophie occidentale, celui de la
prétendue autonomie de la raison, soit enfin, de façon décisive à mes yeux,
réellement "critiqué", et pour qu'une école nouvelle de philosophie
chrétienne se développe enfin aux Pays-Bas, en Afrique du Sud, aux
Etats-Unis, au Canada, en Indonésie et en Grande-Bretagne. (...)
La philosophie qui s'appuie "sur la tradition des hommes, sur les rudiments du
monde, et non sur Christ", philosophie s'exprimant en des formes diverses qui
aboutissent toutes à des antinomies, philosophie enracinée dans la folle pensée d'une
raison indépendante, se suffisant à soi-même, et prétendument autonome, doit "
mourir" à la Croix, être "ensevelie", et "renaître"
reformée, restaurée, renouvelée, transfigurée, en vraie sagesse, en saine philosophie
:
Autrement dit : la philosophie doit être libérée de ses attaches radicales aux
Idées, aux Images, aux Idoles, de ses attaches radicales à des Mythes - selon 2
Timothée 4.4 -, si elle veut commencer à devenir vraiment "amour de la sagesse
".
Autrement dit encore : la philosophie ne recommence à devenir libre, à devenir
elle-même qu'en renonçant radicalement à sa prétendue autonomie et qu'en s'humiliant,
comme tout savoir humain le doit, devant la Parole de Dieu, devant la Croix du Christ
Jésus "dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science " (Col. 2 / 3).
Il n'y a qu'une seule Reine de toutes les sciences, de la philosophie et de la
théologie, et cette Reine c'est la Parole de Dieu, seule Vérité absolue, seule source
et seule norme de toutes vérités.
Quand LUTHER dit, au grand scandale de Jacques MARITAIN, que
"la raison, c'est la plus grande putain du Diable" et qu'elle "est et doit être noyée dans le baptême", il s'en prend justement à la raison "autonome" qui "chez les croyants doit
être tuée et enterrée". Il ne s'agit pas chez LUTHER, comme le croit MARITAIN,
d'"anti-intellectualisme" ou de "volontarisme". Le Réformateur
entend seulement remettre la raison humaine à sa juste place : sous la Croix du Fils de
Dieu, sous l'autorité libératrice et rédemptrice de la Parole de Dieu. La "putain" est appelée à entrer dans le Royaume de Dieu. Encore faut-il d'abord, pour cela,
qu'elle meure et qu'elle renaisse, qu'elle meure pour renaître, à la Croix.
Une philosophie re-formée, une philosophie chrétienne, une philosophie
"s'appuyant sur Christ" doit être animée par le motif biblique
essentiel : celui de la Création, de la Chute, et de la Rédemption en Jésus-Christ
dans la communion de l'Esprit Saint. (...)
La Parole de Dieu doit être reconnue comme le point de départ
absolu, la source absolue, et la norme absolue, de toute theoria, de toute pensée théorique, comme
aussi, bien sûr ! de toute activité humaine. Elle nous apporte le cadre, la charpente,
de références normatives, unifiant et orientant notre pensée et notre vie. Elle nous
apporte le fondement sur lequel construire, les présuppositions nécessaires à une vraie
sagesse, à une vraie philosophie. (...)
Parce qu'il a nié la seule "possibilité" d'une philosophie chrétienne et
s'est laissé contaminer par le platonisme, le kantisme et l'existentialisme,
BARTH
a laissé la voie ouverte aux théologies descendantes qui ont naturellement suivi la
sienne depuis BULTMANN jusqu'à l'athéisme chrétien.
Certes, la philosophia reformata, la philosophia
christiana, peut et doit
utiliser - après les avoir critiqués - les apports conceptuels de toutes les philosophies (y
compris celles de PLATON, ARISTOTE, DESCARTES, etc.) et apporter ainsi son aide
fraternelle et indispensable à la theologia reformata, à la theologia christiana
: la grâce universelle et accompagnatrice de Dieu dans tout le déroulement historique de
la pensée humaine, ne peut et ne doit être méprisée; mais encore faut-il que
l'autorité souveraine et totalitaire de la Parole de Dieu soit respectée avant tout.
Toute "accommodation", tout "concordisme", dans toute pensée
théorique, y compris la théologie, du motif de base biblique, chrétien, à des
motifs
de base apostats animant la pensée théorique prétendument autonome, a toujours abouti
à des contaminations déplorables et souvent mortelles.
Parce que tous les aspects modaux de la réalité créée et de l'expérience sont
nécessairement liés, une véritable reformation de la pensée théorique doit être
résolument poursuivie dans toutes les sciences, dans la philosophie d'abord qui doit
être philosophia reformata, dans la théologie et les diverses autres sciences
ensuite.
Là est la vocation imprescriptible de tous les chrétiens appelés à aimer Dieu (et
sa Parole) de tout leur "cœur" et de toute leur "pensée".
"
In the Twilight of Western Thought (1960)
[pdf] [amzn]
(See important caveat on this edition by Paul Otto; pdf)
Time, Law, and History (seven essays, various dates)
[pdf] [amzn]
1. My Philosophy of Time (1936 – 1940)
2. The Structure of Jural Principles and the Method of the Science of Law (1930)
3. Law and Society in the Crisis of Modern Historicism (1949)
4. A New Study of Aristotle’s Concept of Justice (1958)
5. The Debate about the Concept of Sovereignty (1950)
6. Individual and Community in Roman and Germanic Conceptions of Property (1936)
7. Law and History (1938)
Legal, Social, and Political Philosophy (six essays, various dates) [pdf]
1. Calvinism and Natural Law (1925)
2. The Modal Structure of Jural Causality (1950)
3. Legal Philosophy and Sociology of Law (1964)
4. The Individual and Community (1946)
5. The Contest Over the Concept of Sovereignty (1950)
6. The Christian Idea of the State (1936)
Christian Philosophy and the Meaning of History (four essays, various dates)
[pdf]
1. Christian Philosophy: An Exploration (1956)
2. The Meaning of History (1942)
3. The Criteria of Progressive and Reactionary Tendencies in History (1958)
4. Dangers of Intellectual Disarmament of Christianity in Science (1937)
Political Philosophy (four selections, various dates)
[pdf]
1. Christian Idea of the State (1936)
2. The Individual and Community (1946)
3. The Structural Principle of the State[from A New Critique vol.3] (1958)
4. Classical Humanism[from Roots] (c.1959)