"Positions oecuméniques" entend rendre compte des
conditions à la fois objectives et subjectives
nécessaires à un véritable dialogue oecuménique, entre
protestants et catholiques romains en particulier, et ce, dans une perspective
réformée confessante.
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L'Eglise combattante et cherchante du Seigneur ne peut être purement et simplement
identifiée à une Eglise particulière ou confessionnelle. Elle ne peut non plus être
exclue d'une Eglise particulière ou confessionnelle quelle qu'elle soit, si elle est
trinitaire et reçoit l'Ecriture Sainte comme Parole de Dieu. (...)
La première et essentielle condition d'un vrai dialogue entre protestants et
catholiques-romains, c'est que nous aimions et cherchions la vérité de la Parole de
Dieu, c'est que nous connaissions et aimions l'Ecriture Sainte parce qu'elle est ce
qu'elle affirme être : la Parole inspirée de Dieu. (...)
Malheur au dialogue entre protestants et catholiques-romains au cours duquel nous nous
écouterions les uns les autres, avec la meilleure volonté, avec le maximum d'ouverture
sans écouter d'abord, sans écouter vraiment, ensemble, pour la recevoir et la suivre,
l'infaillible Parole du Seigneur.
La vérité n'est pas ce que nous disons, la vérité n'est pas ce que disent les
autres, la vérité n'est pas ce que nous pouvons ou pourrions dire ensemble les uns et
les autres. La vérité, c'est ce que Dieu dit, et nous n'en disons la vérité que dans
la fidèle soumission à sa Parole qui est la vérité.
La seconde condition objective requise par le dialogue entre protestants et
catholiques-romains, c'est que les protestants prenant part au dialogue sachent vraiment
ce qu'est le protestantisme, et les catholiques-romains vraiment ce qu'est le catholicisme
romain.
Il nous importe moins, en vue du dialogue, de savoir ce qu'a cru, pensé, enseigné, ce
que croit, pense, enseigne, tel ou tel théologien, tel ou tel pasteur, tel ou tel
évêque, que ce qu'affirment ou ont affirmé les Eglises dans leurs confessions de
foi. (...)
Dans le dialogue entre protestants et catholiques-romains, les confessions de foi ont
d'autant plus d'importance, et il faut d'autant mieux les connaître, que, d'une part,
nous protestants, tenons ensemble avec les catholiques-romains certaines confessions de
foi oecuméniques et que, d'autre part, historiquement, c'est par rapport au catholicisme
romain que les protestants, lors de la Réformation, ont confessé leur foi, et que
plusieurs articles de foi catholiques-romains ont été précisés et définis, depuis la
Réformation, par rapport au protestantisme. (...)
Une troisième condition du dialogue, c'est que nous cherchions à connaître, autant
qu'il nous sera loisible et possible, l'ensemble de l'histoire de l'Eglise et de sa
situation présente dans le monde. (...)
Nos convictions, quand elles doivent çà et là s'opposer les unes aux autres, ne
doivent pas s'opposer à des caricatures, faites de méprises et d'incompréhensions.
Si nous devons, protestants, dire NON à Rome, comme nos pères du temps de la
Réformation l'ont fait, encore faut-il bien savoir à quoi et à qui nous disons
NON. Et,
pour ce faire, ne nous faut-il pas, dans le dialogue, écouter ce que dit Rome, et bien
l'entendre ? (...)
Si la puissance de la Parole et de l'Esprit de Dieu nous obligent à dire NON, sur tel
ou tel point, au catholicisme-romain, nous ne devons jamais céder cependant à un
anti-romanisme qui nous fasse dire NON à Rome systématiquement.
(...)
Notre attention à la parole de Rome doit nous disposer à recevoir de Rome chaque fois
que Rome nous rappelle ce que dit Dieu par l'Ecriture.
Cette condition au dialogue : Etre prêt à recevoir, va de pair avec cette autre
condition : Etre prêt à s'examiner soi-même à la lumière de l'Ecriture, Parole de
Dieu.
(Pierre Courthial, Le dialogue entre
protestants et catholiques romains)
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